vendredi 26 septembre 2014

Les stratégies d'écriture (1) : Ajouter des détails.

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Nous allons aborder cette série sur les stratégies d’écriture en s’inspirant du « Writing Teacher’s Strategy Guide » de Steve Peha.

J’ai affirmé dans mes précédents billets que celui qui écrit, par rapport à celui qui parle, n’a que les mots comme canal de communication. Les mots sont composés en phrases, les phrases en paragraphes, les paragraphes en chapitres, et parfois ces chapitres sont regroupés en parties. Ce qui lie tout cela, ce sont les idées, le message qu’on souhaite passer.

Un célèbre adage dit que “le diable se trouve dans les détails”.

Lorsque vous écrivez un livre, il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées ; Il faut aussi savoir les soutenir. Sinon, on aura vite fait de jeter l’opprobre sur vos écrits. Si vous dites par exemple « La Chine est la première puissance économique et militaire du monde », «L’amour est un mensonge », ou encore « la jeunesse est dépravée », il vous faudra entrer dans les détails pour soutenir votre idée. C’est quoi alors un détail ?

Le détail est la réponse à une question que peut se poser un lecteur. Il ne suffit d’asséner le lecteur avec vos idées. N’importe quel lecteur souhaite savoir pourquoi vous affirmez tel propos. Si vous dites que la Chine est première puissance économique, apportez les détails qui viendront soutenir cette idée. Si vous écrivez sur un fait que tout le monde « ressent », le lecteur aimerait bien que vous apportiez des détails. Son ressenti peut être basé sur des observations parcellaires et il pourra, une fois vos détails digérés, se retrouver, se corriger ou même apprendre encore plus. Si par exemple, vous écrivez « La ville de Chicago meurt », le lecteur peut avoir un récent passé de visiteur de cette ville où il observait peu de jeunes quand il circulait dans la ville, des maisons abandonnées, des zones non électrifiées, plusieurs mendiants agressant dans la rue pour quelques centimes de dollars,…etc. Même s’il n’a pas visité cette ville, il a pu voir un reportage à la télé. Si ce lecteur lit votre livre, il attend des détails qui contiennent au minimum ce qu’il a vu et qui va même plutôt loin. Il attend que vous parliez de l’exode massif des jeunes, de la paupérisation de la population et du vieillissement des infrastructures. Chiffres, statistiques, anecdotes, interviews, photo reportage, histoires,…etc. Tout cela participe de détails pouvant répondre aux questions de lecteurs. De plus, plusieurs lecteurs, ceux qui achètent votre livre, sont le plus souvent des avertis ou des intéressés du thème ou du sujet abordé par le livre. Ils peuvent en avoir une idée sommaire ou vague. Ainsi, ils souhaitent avoir plus de clarté et de précision en achetant le livre. Cette clarté et cette prévision ne peuvent venir que du niveau de détail apporté.

Steve Peha de TTMS (Teaching That Made Sense) a ainsi développé un graphe en T pour permettre aux auteurs de pouvoir facilement présenter les détails pour soutenir ce qu’ils écrivent. Ce graphe est divisé en deux, avec d’un côté les idées, et de l’autre côté les détails. Chaque fois que vous posez par écrit une idée à gauche, vous remplissez les détails à droite.

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Comme vous pouvez le voir, vous devez penser à votre audience en présentant les détails. Le problème qui se pose toujours est jusqu’à quel niveau de détail vous devez aller car s’il y a une chose que je ne vous ai pas dit, c’est que vous pouvez considérer un détail comme une idée… là, vous avez le détail du détail. C’est pour cela que vous devez intégrer, penser à votre audience dans la présentation des détails.

La meilleure façon d’avoir des détails est de recourir au modèle « Qui, Quoi, Quand, Comment, Où, Pourquoi ». Steve Peha affirme que son expérience l’amène à penser que répondre aux questions du « Pourquoi » et du « Comment » apportent plus de détails.

Chaque idée avec ses détails peut facilement être utilisée pour former un paragraphe. De paragraphe en paragraphe, on a nos chapitres. Et tout cela joint, on a un livre. Rien de difficile. C’est ce à quoi nous sert une stratégie d’écriture, à écrire plus facilement.

Pour mieux illustrer cette démarche, prenons le livre de Thomas Piketty, le « Capital au XXIe siècle ». On retrouve, sur la page de l’auteur des slides de présentation du livre, slides dont sont extraites mes illustrations. Pour commencer, l’auteur présente son intention. Nous avons déjà eu à parler de l’importance de l’intention qui doit intervenir avant la première ligne du livre. Vous pouvez retrouver ce billet ici. Revenons à l’intention de Thomas Piketty :

« Dans ce livre, j’étudie l’évolution historique de la répartition des revenus et des patrimoines depuis le 18e siècle dans plus de 20 pays; »

Je passe la suite liée à la structure du livre. Prenons un point de cette présentation.

« 1. Le retour d’une société patrimoniale dans le Vieux monde (Europe, Japon). Les ratios patrimoine/revenu semblent retourner vers de très hauts niveaux dans les pays de croissance faible. Intuition: dans une société de croissance lente, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une grande importance. Cela peut concerner à terme l’ensemble de la planète. »

L’idée principale ici est le retour d’une société patrimoniale. Une fois l’idée présentée, il faut apporter aux lecteurs les détails en répondant aux questions « Pourquoi » et « Comment ».

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On constate ainsi :

  1. Dans le premier carré, une définition du patrimoine,
  2. Dans le deuxième carré, une présentation du ratio patrimoine-revenu, c’est un indicateur. L’indicateur est un outil d’appréciation. L’auteur précise « dans les manuels d’économie » pour signifier que cet indicateur est validé par la théorie économique.
  3. Dans le troisième carré, il donne les chiffres de cet indicateur pour les années 1950-1960 et 2000-2010 dans le Vieux monde (Europe et Japon).
  4. Dans le troisième carré, il interroge ces chiffres du Vieux monde à lumière des chiffres des 18 e-19 e siècles.

Cette mise en rapport vise à soutenir l’idée du « retour ». Puisque la société patrimoniale des 18 e-19 e siècles avait ces ratios, si on a les mêmes ratios aujourd’hui, on peut bien affirmer un retour de la société patrimoniale.

Nous allons nous arrêter ici même comme l’auteur ne s’arrête pas là. Il apporte plus de détails. Vous pouvez toujours télécharger les slides pour la suite. Cela vous permettra d’observer comment on peut soutenir une idée.

Nous allons continuer avec cette série en présentant demain une autre stratégie. La publication exceptionnelle de Samedi vise à respecter mon quota de 5 articles par semaine, puisque je n’ai pas publié hier. C’est la discipline qui mène au succès. Et cela est aussi valable si vous voulez publier votre premier livre.

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